LA TRIBUNE

Entretien avec Lou Lefrançois à propos de son mémoire Des cartes pour changer le monde

21.08.24

Diplomé.e isdaT Toulouse, promotion 2021

Quel est le sujet de ton mémoire ?

Mon mémoire regarde les différentes cartes et leur utilisation. Il cherche à comprendre comment elles peuvent être utilisées à des fin de projet et comment chacun peut se les approprier.

Comment ton intérêt s'est-il porté sur ce sujet  ?

C'est pendant mon DNA (licence) que j'ai commencé à porté mon intérêt sur les cartes, principalement lorsque j’ai découvert les cartes du designer Joost Grootens [voir image]. J’ai voulu essayé d’en réaliser et je me suis rendu compte de la complexité graphique de la cartographie et ça m’a donné envie de poursuivre cette recherche durant mes deux années de DNSEP (master).
Metropolitan World Atlas, Arjen van Susteren – design par Joost Grootens

Peux-tu nous parler de ta méthodologie de recherche ? (pratique de terrain, réalisation d'entretiens, collecte, objets observés… etc)

Après avoir regardé l’évolution des cartes à travers le temps, du IIIe siècle av. J.-C. aux cartes routières contemporaines accessibles à tous, je me suis concentrée sur les cartes qui m’ont marqué par leur fonction. J’ai regardé des cartes infographiques comme celles d’Otto Neurath, qui cherchent à faire comprendre au public des données chiffrées; des cartes supports d’archives comme celle de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, réalisée par Formes Vives; ou des cartes utilisées par tous en regardant celles de Google Maps et Waze. C’est cette diversité de fonction et d’utilisation que j’essaie de montrer dans mon mémoire. J’ai complété ces observations par une pratique de terrain durant ma recherche. Pendant le premier confinement, je découvre CartONG sur les réseaux sociaux, une ONG française qui propose à des citoyens bénévoles de s’engager sur des questions de cartographie. C’est à cette période que j’ai commencé avec eux les Mapathons : cartographier numériquement en groupe des zones non cartographiées pour des associations humanitaires.
Cartographie sur le logiciel JOSM du quartier Chekepatty, Saint-Laurent-du-Maroni.

Est-ce-que ton processus de recherche s’est traduit dans la conception graphique de ton mémoire ?

Mon mémoire prend la forme d’un livre de 18x25cm, d’une centaine de pages. J’ai choisi un format assez grand me permettant de rendre agréable la lecture des détails des cartes. Son introduction est une série d’images retraçant l’évolution de la cartographie à travers les siècles. Cette introduction nous montre que la fonction des cartes a évoluée, d’un outil qui nous aide à nous représenter le monde jusqu’à être un outil qui nous permette d’aménager le territoire. Le processus de recherche que j’ai mené en lien avec CartONG est visible au fil des pages. J’ai inséré au cours de la lecture des pages noires [voir image] qui parlent uniquement de mon expérience en temps que bénévole chez eux et des différents projets qu’ils mènent.

Quel influence ton mémoire a-t-il eu sur ton projet de diplôme ?

Mon projet de diplôme est directement en lien avec le mémoire, j'ai réalisé une carte au service des sans-abris et migrants de Toulouse. C’est en rencontrant différentes personnes, sans-abris et associations, que j’ai pu essayé de faire une carte qui réponde à leurs besoins. Elle prend la forme d’un site internet [voir image] accessible sur ordinateur et mobile mais également d’une carte imprimée. Elle a une caractéristique particulière : pouvoir être comprise peut importe la langue parlée puisqu’elle est constituée uniquement d’emojis.

Poursuis-tu encore un travail de recherche ?

Depuis le mémoire je n'ai pas eu d'autres occasion de faire de la recherche. Actuellement, j'ai démarré mon activité de graphiste en duo et je me consacre entièrement à ça !

Peux-tu définir l’impact de ton mémoire sur ta pratique graphique aujourd’hui ?

Mon mémoire et plus généralement les deux années de recherche en master ont eu un impact sur ma pratique. Même si pour le moment je ne travaille pas sur des cartes c’est quelques choses que j’aimerai pouvoir retrouver dans mes projets.