LA TRIBUNE

Entretien avec Jérôme Wieder à propos de son mémoire Comète Narratrice, l'horoscope vecteur de récit alternatif

30.10.24

Diplomé.e ISBA Besançon, promotion 2024

Quel est le sujet de ton mémoire ?

Mon mémoire traite de littérature, de poésie, des minorités et des étoiles. Il prend la forme d’un manifeste, répondant à une problématique que j'ai rencontrée au cours de mes années d’études : comment être lu ? Après de nombreuses recherches, j'ai découvert un outil de communication : l'horoscope. C'est un format textuel qui attire, qui a un impact, et qui est très apprécié/lu. Je propose donc de détourner ces prédictions, après les avoir étudiées, pour y insérer autre chose : mes textes ou ceux des minorités marginalisées.

Comment ton intérêt s'est-il porté sur ce sujet  ?

J’en ai eu assez de recevoir des retours comme : « Super cool ton édition, c’est sympa » ou « C’est joli avec ce papier », alors que ce n’était qu’une partie du projet. J’aurais aimé que l’on me donne aussi des retours sur ce que j’avais écrit. Après avoir commencé à travailler sur les horoscopes, j’ai enfin eu des retours satisfaisants, du genre : « C’est cool ce que tu as fait, mais par contre, je ne suis pas d’accord avec ce que tu as écrit sur les Gémeaux. »

Peux-tu nous parler de ta méthodologie de recherche ? (pratique de terrain, réalisation d'entretiens, collecte, objets observés… etc)

Mon point de départ était que je suis Lion ascendant Capricorne. Armé·e de ces informations, j’ai commencé par apprendre les bases de l’astrologie, son histoire à travers les siècles. Puis, j’ai remarqué que cela me prenait un temps démesuré pour quelque chose que je n’allais pas totalement utiliser. Je pensais qu’il fallait que je maîtrise le sujet à la perfection pour pouvoir le détourner (grosse erreur qui m’a coûté du temps et des larmes). Je me suis alors tourné·e vers d’autres approches comme l’écriture, des interviews et des collectes, afin de créer des corpus de références, ainsi que de nombreuses discussions avec des ami·es qui m’ont beaucoup apporté. J’ai collecté chaque jour les prédictions de mon signe sur un horoscope précis, pour garder une trace et montrer une chronologie de la recherche à travers l’accumulation de ces prédictions.

Est-ce-que ton processus de recherche s’est traduit dans la conception graphique de ton mémoire ?

Je ne sais pas si on peut vraiment l’affirmer, mais la pluralité de ces recherches se traduit par différentes voix dans le mémoire : certaines poétiques, d’autres théoriques, familières, directes… Cependant, je n’ai pas beaucoup d’images, donc j’ai surtout porté mon attention sur la mise en page des textes, qui devait être parfaitement maîtrisée.

Quel influence ton mémoire a-t-il eu sur ton projet de diplôme ?

Mon mémoire m’a permis de guider mes recherches. Je réfléchissais déjà à mon projet de diplôme en même temps que le mémoire. Ainsi, les deux ont été conçus simultanément, dans le même état d’esprit. La manière de présenter le détournement des horoscopes se retrouve dans mon projet de diplôme, de manière plus large et sur différents supports. J’ai aussi gardé, un peu de manière inattendue et sans le vouloir, les mêmes couleurs utilisées pour mon édition de mémoire, c’est-à-dire une présence massive de jaune fluo !

Poursuis-tu encore un travail de recherche ?

Oui, je continue d’écrire des horoscopes sur des sujets variés, à partir des expériences ou des événements que je vis. Je poursuis également mon travail de recherche autour de l’écriture et de la question : comment être lu ?

Boiscope, avec Antonin Iarussi & Julia Mondoloni, 2024

Peux-tu définir l’impact de ton mémoire sur ta pratique graphique aujourd’hui ?

Depuis l’exercice du mémoire, je réfléchis davantage à la réception du contenu et de son support. Mon objectif est de faire en sorte que tout le monde puisse se sentir concerné·e et que l'objet graphique final soit accessible. Je cherche des moyens pour rendre le graphisme accessible, et non réservé à un groupe de personnes qui le connaît et qui en a les moyens.