Terre à terre
Léa Dilé
Au cours de l’été 1995, mes parents s’installent à la Hervourie, une ferme des Mauges. Mon père a comme intention d’y exercer en tant qu’agriculteur, et d’y élever des vaches laitières. Avec ce projet, il marche dans les pas de son histoire familiale, en suivant les traces de son père, de son grand-père et de son arrière-grand-père. À quelques choses près.
Depuis 1897, quatre générations de paysans, cultivateurs, agriculteurs y travaillent la terre. Quatre générations qui voient se succéder les époques, les progrès mécaniques et biologiques ; qui voient évoluer les enjeux et les modèles sociaux, politiques, économiques. Sur ce territoire, les bâtiments s’aménagent, les maisons se construisent, les prairies s’achètent, les familles se succèdent, les sociétés mutent jusqu’à changer profondément la manière d’être agriculteur.ice.
Enfant, la plupart de mes camarades de classe ont un parent agriculteur. À la différence qu’eux, sont des agriculteurs dits conventionnels. Mon père se dirige rapidement vers une agriculture biologique, en accord avec ses valeurs et sa passion pour la biodiversité. Je grandis en pleine nature, au milieu de ce qui est vivant. Pour moi, à cet âge-là, c’est ça être agriculteur·ice : faire conjointement avec le vivant. Travailler la terre, tout en étant en lien avec (ce)ux qui l’habitent.
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Terre à terre est un livre-enquête qui retrace deux récits, celui de la petite échelle — à travers cette histoire familiale — et de la grande — à travers l'histoire des politiques agricoles menées en France et en Union Européenne depuis les années 60 — : parler du métier, de ses enjeux et des différentes manières d’être, aujourd’hui, agriculteur et agricultrice. Il s’appuie sur différentes sources, à la fois publiques et personnelles : entretiens, archives photographiques, archives audiovisuelles, articles de presse, émissions de radio, écrits théoriques.