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memo! au MO.CO.ESBA

trace·ur·use

Adel Zeghoudi

ESADHaR Havre

2022

Le sujet de mon mémoire se construit autour des traces du corps en mouvement. Je pratique depuis de nombreuses années le parkour, ce qui a au fur et à mesure, orienté mes recherches et éveillé ma curiosité sur la manière dont la pratique du corps est abordée dans l’art et le design graphique. Je dirige également une association de parkour au Havre ayant pour but de mettre en avant par le biais de moments et d’outils pédagogiques cette pratique sportive. Ceci m’amène depuis déjà quelques temps à jouer d’aller-retour entre des pratiques physiques et des productions graphiques. Ma recherche s’est orientée autour de trois axes permettant au mouvement de faire trace, des supports iconographiques, des compositions typographiques et leurs grammaires, et des supports un peu plus hybrides où l’action de faire trace fait en partie ou pleinement partie d’un protocole performatif. J’ai pour chacun de ces axes, trouvé des affiches, peintures, vidéos, et livres. Certaines performances étaient également des pièces que j’ai eu l’occasion de voir dans des salles de spectacle, notamment des théâtres et des centres chorégraphiques. Ma pratique de recherche se nourrit énormément de lectures, elles me permettent d’affiner mon propos et de créer des liens entre mes différents projets. En écho à cela, j’ai également pu échanger avec des sporti.f.ve.s et designeu.se.r.s graphiques autant sur leur pratique que sur leur manière de se souvenir de mouvements réalisés ou chorégraphiés et sur la place du geste dans leur travail. Les échanges avec des membres de mon association ont aussi été très instructifs et m’ont amené à réaliser un workshop nommé Performe Performare à destination des étudiant.e.s de l’ESADHaR où iels étaient invité.e.s à questionner la place du geste et de sa trace. Après une pratique de l’espace, par le biais de protocoles de déplacement notamment, iels étaient invité.e.s à faire une transposition graphique de cette expérience sous la forme d’une affiche. Mon mémoire prend la forme d’un objet éditorial. Sa couverture est toilée et le texte qui s’y inscrit est gaufré. Mes recherches, notamment de systèmes d’écritures du corps en mouvement sont en plus du texte, beaucoup passées par l’image. Ces images ont pris la forme de planches iconographiques introduisant chaque chapitre. Elles se retrouvent annotées au corps de texte. Le travail d’Yves Klein et sur sa pratique du judo m’ont apporté un regard différent sur le geste. Pour faire assez simple, par ses monochromes, Yves Klein a entre autres souhaité retranscrire l’énergie d’un geste répété plusieurs centaines de fois. Le monochrome cristallise la recherche d’un geste parfait et a donné à mon mémoire sa teinte. Mes choix typographiques sont également empreints de formes organiques faisant écho à cette recherche sur le geste et son écriture. Ce mémoire m’a permis d’ajuster un certain nombre de mes réalisations. Par exemple, la découverte du Typannot (un système d’écriture de la langue des signes), ayant pour principe fondateur sa scriptibilité (la possibilité de l’écrire facilement avec un simple stylo) a fait évoluer un projet de notation du parkour que je développais, le Typark. Les formes des différents glyphes étaient avant cela plutôt dessiné, avec des contractes très héritées de la calligraphie et de ses pleins et déliés. En résonance avec d’autres recherches portant sur des systèmes d’écriture du mouvement, le Typark a ainsi pris une forme beaucoup plus écrite et pertinente pour les usages que je lui destinais. Les références et le développement de mon mémoire m’ont permis de mettre en place une méthodologie de travail qui me plaît beaucoup. Je suis depuis la rentrée enseignant en design graphique et arts appliqués dans un lycée professionnel et j’ai notamment eu l’occasion d’intervenir auprès d’étudiant.e.s en design graphique également. Ce mémoire constitue un très bon outil dans la mise en place d’une pédagogie. Il m’a également permis de me plonger plus amplement dans certaines pratiques telles que la performance que je tends à développer. Je poursuis encore un travail de recherche. D’une part, certains des projets amorcé dans le cadre de mon diplôme nécessitent d’être développés plus amplement. Ainsi, le Typark (système de notation du parkour) vise à être étendu de nouveaux caractères afin de l’enrichir des mouvements et disciplines pouvant s’associer à la pratique du parkour telles que la gymnastique ou l’escalade par exemple. De la même manière, la proposition de workshop de Performe Performare vise à s’étendre à d’autres publics (jeunes, âgés, empêchés...) me permettant de questionner différemment ces questions de déplacement dans l’espace, public notamment.

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