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memo! au MO.CO.ESBA

Surfaces sensibles

Audrey Gonnet

ESAL Metz

2022

Je souhaitais montrer les rapports que j’ai trouvé entre la rue et le graphisme. Depuis toujours je suis attirée par ces lettres typographiques dans la rue (les enseignes autant que les affichages sauvages). Les rues de Metz ont été mon principal outil de travail pour mon mémoire, je me suis laissée emporter par ces explosions typographiques et visuelles. Le protocole de collecte a été le plus naturel, mon travail a consisté en la récolte de formes pour, à posteriori, en faire découler des hypothèses, trouver des liens dans d’autres champs comme la littérature. C’est un objet modeste, dans la logique de l’économie de moyen, ainsi qu’une volonté de diffusion plus large que le jury. J’ai utilisé la bourse accordée pour le diplôme à l’impression de mon mémoire ; papier recyclé, noir et blanc, format standard. Pour moi cet objet n’était pas un livre d’artiste en petite série et fait main. Ça ne correspondait pas au propos qui, tout en parlant de la rue et du graphisme parle aussi d’une économie et d’une écologie dans le domaine du design graphique. Je savais mon objet modeste, alors le moindre geste devait être pensé. Je voulais qu’il soit agréable à lire, la typographie n’est pas très originale mais agréable aux yeux à l’instar d’un livre de poche. Le seul signe qui se répète dans le mémoire et fait l’objet d’une « décoration » est la simulation du papier déchiré, pour reprendre les codes de ces signes de la rue que j’aime tant : les papiers d’affichage sauvage qui disparaissent et partent en lambeaux. Je ne dirais pas que c’est mon sujet précisément qui a influencé la forme de mon mémoire, mais plutôt ma réflexion globale en tant qu’artiste graphiste : avoir une responsabilité écologique, économie de temps, de moyens, de formes. Il m’a permis une grande liberté d’expression, qui n’était pas entravée par un plan académique. J’ai pu dérouler ma propre sensibilité, ma vision de la rue et du graphisme, sous forme de succession de petits textes thématiques. Je l’ai toujours dans un coin de ma tête. Aujourd’hui je suis à l’Atelier National de Recherche en Typographie à Nancy, et je travaille sur le lettrage dans l’urgence, dans un contexte de lutte sociale. Mon mémoire me permet de me raccrocher à des intuitions et ne pas tomber dans quelque chose de trop objectif et neutre. Je poursuis donc un travail de recherche à l’ANRT à Nancy, sur un autre sujet mais qui poursuit directement ma réflexion autour du graphisme dans la rue.

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