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memo! au MO.CO.ESBA

Phantasia and Contemporary Issues

Clément Bournas

ESAD Orléans

2022

Mon mémoire aborde la question des différents regards que les récits de fiction portent sur notre monde. Il s’agit de penser des alternatives aux modèles sociétaux en place et élargir nos imaginaires par le biais de ces récits. Bousculer l’idéologie dominante du capitalisme destructeur dans l’optique de tendre vers le design d’un futur désirable. La problématique qui s’est donc posée fut la suivante : Comment la fiction peut-elle ouvrir à de nouvelles voies/démarches à un design du futur à l’ère postmoderne ? Tout est parti d’un ras-le-bol. Lors du premier confinement, j’entendais beaucoup dire que nous ne reviendrions jamais au système pré-covid. Que nous avions bien vu les impacts néfastes de nos activités, rythmées par la surproduction et la consommation de masse, sur l’environnement. Que nous avions convenu qu’il n’était plus possible d’accepter le capitalisme comme unique dogme… En résumé un autre monde semblait possible. Bien évidemment on est repartis de plus belle. Rien n’a changé malgré ces constats partagés par nombre d’entre nous. Ainsi, j’ai réalisé que le questionnement de nos sociétés me tenait à cœur. Des envies de changer le monde que j’ai commencé à mettre en parallèle avec mon appétence pour la création d’univers, d’histoires, de personnages et d’intrigues… Le récit, au sens large, s’est imposé à moi comme un moyen de porter un regard divergent sur le réel et d’y apporter des changements. Et si le récit de fiction était bien plus que du divertissement ? Alors je suis parti de ça et c’est ainsi que mon sujet prit forme. J’ai tout d’abord débuté ma recherche avec des écrits écologistes qui témoignaient des dégâts liés au capitalisme de masse et interrogeaient d’autres moyens de faire société. Pablo Servigne, Rob Hopkins, Isabelle Stengers… À cela j’ai ajouté des écrits sur le récit de fiction et les rapports que notre espèce entretient avec ce dernier. Nancy Huston et Ursula K. Le Guin ont marqué un tournant dans ma manière d’aborder mon sujet. J’ai donc creusé dans cette voie avec des écrits plus poussés sur le sujet et j’ai entrepris de décortiquer les différentes structures narratives mises en place par un récit. Pour ce qui est sur la mise en contexte de mon sujet, la lecture de La condition postmoderne de Jean-François Lyotard a été déterminante. J’ai aussi lu et consulté différents romans (majoritairement de science-fiction) dans le but d’observer différentes applications de ces techniques narratives et m’attarder sur les différents regards portés sur le réel. Il y a aussi eu des articles, des documentaires, des films, des expositions, des podcasts (merci France Culture)… La consultation de ces écrits et documents divers s’est majoritairement effectuée chez moi, dans diverses bibliothèque et à l’ÉSAD Orléans. Ma recherche a oscillé entre de longues discussions avec mon entourage et des moments d’isolement où j’étais scotché à des bouquins ou caché derrière mon écran d’ordinateur. J’ai également beaucoup dessiné et écrit sur de grands formats que j’accrochais dans mes espaces de travail. Une espèce de mind map sur la fiction à l’ère postmoderne. Je n’ai pas réellement mené d’entretiens, mais j’ai eu la chance d’être entouré de personnes, intéressantes et intéressées par mon sujet, qui m’ont fait part de leurs visions et de leurs références. Un soutien intellectuel et émotionnel très riche. Merci à toutes et tous. Mon mémoire est un objet éditorial. Son format est de 137x195 mm et comporte 164 pages. Il a été relié au moyen de la reliure copte. Une fois cousu, j’ai encollé le dos afin d’assurer la solidité de la reliure tout en conservant une ouverture totale du livre. Les papiers choisis sont du Pollen Clairefontaine, blanc irisé, A4, 210g, et du Olin rough extra white, 100g. Mon mémoire a été produit en 10 exemplaires. Je remercie d’ailleurs les petites mains qui m’ont aidé au façonnage ! Le processus de recherche a influencé la forme qu’a pris le mémoire. Comme je l’ai dit plus haut, ma recherche théorique s’est aussi manifestée par le dessin. C’est pourquoi mon mémoire est introduit par un micro-récit illustré qui m’a accompagné tout au long de ce projet. Le choix de ma typographie de titrage (la Cirrus Cumulus) s’est fondé sur le rapport que ce caractère établissait entre sciences météorologiques et design graphique/typographie. Comme mon mémoire porte sur la mise en relation de différents domaines de connaissances tels que les Sciences, les arts et le design; cette font tombait à pic ! Sinon je souhaitais réellement concevoir un objet éditorial pour la simple raison que mes premiers contacts avec des récits de fiction ont eu lieu par l’objet livre. Aussi, j’ai fait le choix d’adopter un corps de texte conséquent pour m’assurer que la lecture de mon mémoire soit le plus accessible possible. Mon mémoire a chamboulé les plans que j’avais esquissé pour mon projet de diplôme. Certaines choses ne faisaient plus vraiment sens une fois l’écrit terminé. Ça n’a pas été simple, mais j’ai pu regrouper tous mes éléments et proposer une série de projets reliés par un protocole de création de récits. Je n’avais pas envisagé cela, et c’est désormais une idée qui me suit. Je dirais que ce mémoire m’a surtout renforcé au niveau de ma capacité à communiquer sur un projet. Aujourd’hui designer graphique indépendant, je vois bien l’importance de notre capacité à bien expliquer nos démarches lors d’une commande ou d’un appel d’offres. Disons que ça m’a bien mis en confiance sur ces aspects ! Je pense également que cet exercice est extrêmement enrichissant, du fait qu’il nous fait porter plusieurs casquettes. Faire un mémoire de DNSEP c’est être un peu chercheur, un peu éditeur et bien sûr designer graphique ! Ça apprend aussi à être patient et endurant. Pour la suite j’ai plusieurs idées ! J’aimerais d’ailleurs approfondir ce que j’ai entamé avec ce mémoire, et l’idée de développer des protocoles de création de récits me plaît bien. J’ai aussi envie de poursuivre mon parcours dans le monde de l’auto-édition afin de partager autant de visions alternatives que possible. Néanmoins, mon activité de designer graphique indépendant ne me laisse pas suffisamment de temps pour me pencher sur ces projets, mais j’espère en trouver au cours de l’année !

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