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memo! au MO.CO.ESBA

Le Labyrinthe de la Genèse - Un mémoire dont vous êtes l'hérosïne

Hugo Amenouche

isdaT Toulouse

2023

Mon mémoire porte sur une manière de produire du graphisme basée sur la réutilisation, la copie d’image et de productions visuelles existantes. Je me suis intéressé·e à ce sujet par intuition, le fait de se revendiquer copieur·euse c’est un positionnement particulier dans la création graphique. C’est quelque chose que j’avais remarqué et reproduit mais qui ne semblait pas encore avoir été défini, et que je n’avais encore jamais essayé d’analyser. J’ai observé des objets assez différents : affiches, identités visuelles, dessins de caractère, édition. Principalement prélevés de mes enregistrements Instagram, de la collection que je me suis construite, et quelques exemples plus « scolaires » amenés par des enseignant·es. La structure de ma recherche s’est principalement basée sur un livre de Marie-Jeanne Zenetti où elle parle d’une forme littéraire singulière qui semble revendiquer une approche similaire à celle que je voulais étudier : les factographies. Ses représentant·es produisent des œuvres littéraires par l’utilisation d’archives, de faits, d’objets ou de situations (souvent quotidiennes) qui ne sont que très rarement utilisées, car jugées inintéressantes. Et c’est évidemment ce qui fait leur intérêt. Pour elleux aussi il n’est plus question de produire de zéro. Par conséquent ces factographies pouvaient aisément se transposer à la pratique du design graphique par l’ajout des simples lettres « s » et « m », grâce à elles nous lisons : factographismes. Ce terme m’a permis de lier des projets et de les étudier ensemble, et pour les choisir j’ai dû opérer un tri dans cette collection dont je parle plus haut, j’avais besoin que chacun de mes exemples apporte quelque chose de différent même si ils utilisaient le même procédé. J’ai aussi pu réaliser quelques entretiens qui m’ont permis de dépasser les suppositions que je pouvais faire sur tel ou tel projet, et d’avoir la réponse de leur créateurice directement. Mon mémoire prend la forme d’un livre dont vous êtes l’hérosïne (héros/héroïne), dans lequel on incarne un·e graphiste fraîchement diplômé·e et pourtant déjà désemparé·e. Le but va être d’aller chercher des réponses en s’aidant du manifeste imaginaire des Factographismes. Le texte est découpé en plusieurs parties. Chacune de ces parties est numéroté. Tout au long de la lecture on passe d’une partie à l’autre en suivant ses propres choix et l’ordre indiqué dans le texte. Le livre dont vous êtes l’hérosïne me permettait de créer les conditions d’un autre rythme de lecture dans lequel les hésitations, les tâtonnements par lesquels j’étais passé se ressentent. Un rythme qui achoppe, qui bute, qui tâtonne et qui finit par obliger les lecteur·ices à trouver leur propre chemin. Une lecture non-linéaire en soit, pareille aux moments de réflexions que nous avons toustes. Les micro-choix que l’on prend dans ce genre de livre renvoient à ceux que nous prenons quotidiennement. L’attention particulière que l’on doit porter à chaque détail, pour être sûr·e de ne rien louper, résonne aussi avec des considérations factographistes. Chaque détail compte, et particulièrement les plus insignifiants. En m’appuyant à la fois sur la forme du livre dont vous êtes l’hérosïne et sur le terme des Factographies, j’ai utilisé ce même procédé de reprise dont je parle dans mon mémoire pour l’écrire. Dans les deux cas il a été question de transposer et transformer un discours pour le faire correspondre à mes préoccupations et à mes besoins, et c’est souvent ce qui se passe dans les exemples que j’évoque. Pour l’instant je suis qu’aux prémices de mon projet de diplôme mais celui-ci semble prendre la suite de mon mémoire. Toujours dans la forme narrative d’une quête autour de différentes manières de produire du graphisme. Avec le mémoire, j’ai mis des mots sur quelque chose que je faisais sans vraiment réfléchir. Ça m’a permis de me rendre compte de tous les déplacements qui peuvent s’opérer et je pense que maintenant je fais plus attention aux images que je récupère, à comment je les détourne et les renvoi. En parallèle des questionnements traversés dans mon mémoire autour de non-linéarité, de choix dans la lecture je m’intéresse aussi à la non-binarité (ou post-binarité) dans l’écriture. Deux choses que je lie forcément et qui s’alimentent l’une et l’autre mais j’aimerais prendre le temps de me pencher plus sur la seconde après le diplôme (j’ai déjà discuté de proposer des caractères typographiques pour la typothèque de la collective ByeByeBinary).

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