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memo! au MO.CO.ESBA

L'aventure du jeu

Julian Lagoutte

ESAD Valence

2019

Mon mémoire aborde la question du jeu dans la création en design graphique, c’est à dire le jeu en tant que méthodologie, en tant que posture dans la pratique du design graphique. J’ai toujours entretenu un rapport particulier au jeu, ne serait-ce que parce je suis moi-même un joueur ( de jeux de société, jeux vidéo, etc ), mais aussi parce que les objets, les formes et les concepts qui découlent du jeu m’ont toujours fasciné et intrigué. C’était donc l’occasion de me pencher plus en détail sur le sujet et d’explorer la façon dont il peut communiquer avec le graphisme, sans pourtant avoir de certitude sur ce que j’allais y trouver. Mon mémoire se base en partie sur l’analyse d’objets produits par des designers graphiques ou illustrateurs : objets éditoriaux, affiches, identités graphiques, caractères typographiques, que j’ai consulté et observé par le biais de publications papier ou sur le web. J’ai souhaité, dans ce mémoire, faire des aller-retours constants entre des lectures de textes théoriques et philosophiques sur le jeu et des productions de graphistes, l’un venant alimenter l’autre tout au long de ma recherche. Cependant il ne s’agissait pas d’analyser seulement des objets, mais de connaitre les processus et les pratiques des artistes à l’œuvre derrière ces objets. Le rapport de certains artistes au jeu étant parfois très personnel, il était important de collecter la parole de ces artistes eux-même : la lecture et la réalisation d’entretiens et de témoignages était alors essentielle. Mon mémoire se présente sous la forme d’une édition de 92 pages, reliées en dos carré cousu. La couverture est amovible et est assemblée à l’aide de rabats. Le tout est imprimé en numérique et la bichromie de la couverture a été obtenue en imprimant en rouge sur un papier jaune. Je ne pense pas que mon processus de recherche en lui-même ait influencé mon mémoire, dans le sens où ces deux étapes se sont déroulées dans des temps bien distincts. Je me souviens en revanche avoir été inspiré par la mise en forme de certains ouvrages que j’ai pu lire pendant mes recherches. Ma façon de montrer les images fait clairement référence au jeu. J’ai souhaité que les images soient montrées à la manière d’un jeu qui se déroulerait tout au long du mémoire. Pour cela, les images, leurs numérotations ainsi que les chapitres ont été imprimés, découpés et leur mise en page faite uniquement à l’aide d’un scanner. Cela permettait de mettre en avant leur matérialité et de les faire apparaître comme des cartes, jusqu’à rendre visible la main qui les dispose, les réorganise ou les retire de la page, comme si on assistait à la manipulation d’un jeu de carte dont on ne connait pas les règles. À l’intérieur de la couverture, on voit même l’entièreté de ces images, disposées face caché sur une table, comme si ce jeu était prêt à être joué. J’ai abordé mon projet de diplôme comme une mise en pratique de mon mémoire : j’ai tenté, à mon tour, de me mettre dans des processus de création inspirés du jeu (établir des règles du jeu, produire à plusieurs par le biais d’un protocole définis à l’avance, se créer ses propres outils pour créer des formes de manière plus ludique et spontanée...), ce qui m’a amené à produire divers objets issus de ces différents processus. Même s’il ne s’est pas retrouvé au centre de ma pratique, mon mémoire a contribué à considérer le jeu comme un outil, auquel j’essaie de recourir quand un projet s’y prête. J’ai pris conscience de la proximité entre le fait de construire des systèmes graphiques pour répondre à une commande et le fait de construire un ensemble de règles de jeu. Mais ce qui m’a certainement le plus marqué, c’est mon entretien avec Guillaume Chauchat, qui a fortement affecté ma manière de mener des recherches dans les premières étapes d’un projet, ou dans ma pratique personnelle quotidienne. Je n’ai pas poursuivi de travail de recherche tel que je l’ai pratiqué pour mon mémoire. Mon travail de recherche passe avant tout par une pratique plastique, qui même si elle est alimentée de lectures, n’est pas une recherche purement théorique. Cette recherche est toujours très liée au jeu, mais le jeu plutôt tourné vers le public, et moins centré sur la pratique du graphisme. Je réfléchis notamment à la façon de montrer des images ou de mettre en place une narration par le biais d’objets et de dispositifs ludiques, en y intégrant de façon plus ou moins prononcée ma pratique de l’impression et de l’illustration.

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