m

memo! au MO.CO.ESBA

Gros bisous de...

Marie Foulatier

ESAD Pyrénées / Pau

2021

Le titre de mon mémoire Gros bisous de… n’a pas été choisi par hasard. Il fait référence aux thèmes principaux de mon étude : la carte postale et le territoire. La représentation du territoire, but premier de la carte postale, est aujourd’hui passé au second plan. De nos jours, nous ne connaissons plus ce support postal pour le paysage qu’elle fait voyager mais pour l’intention qu’elle représente. Pourtant la carte postale a été un objet éditorial et postal très important dans de nombreux domaines. Elle a capturé la société, son paysage et leurs évolutions sur des décennies et en toutes saisons. Mon mémoire s’intéresse à l’évolution de la représentation du territoire français à travers le support éditorial de la carte postale. Cet écrit retrace l’histoire de la carte postale, de sa création à nos jours, en passant par son utilisation de la société pour capturer, représenter et partager au monde des morceaux de leur paysage. Cette enquête s’attache à l’Histoire, à la photographie et son émancipation, aux paysages français, aux grands faits marquants pour les supports de communication, au support éditorial et iconotexte qu’est la carte postale. Je suis partie d’une citation de David Liaudet, artiste et collectionneur de cartes postales. Je visionnais un documentaire servant de recherches pour mon projet de diplôme dans lequel il parle des grandes reconstructions urbaines d’après-guerre, notamment celle de la ville de Royan. Il dit alors cette phrase, en passant près d’un tourniquet de cartes postales. J’ai repris cette phrase comme préface de mon mémoire. C’est une observation portant sur le visuel des cartes postales. Il y constate qu’aujourd’hui le territoire n’est plus représenté par un paysage ou des architectures mais bien par… des chats et des chiots. Le paysage, but premier de la carte postale, est passé au second plan. Ces paroles ont éveillé ma curiosité. Les cartes postales, comme support éditorial, mises ainsi en parallèle avec la question de la représentation du territoire a été la révélation. En survolant ce qu’on pouvait trouver sur les cartes postales, j’ai compris que cet objet éditorial pouvait être un des points de convergence de nombreux sujets qui m’intéressaient d’étudier : iconographie, objet social, territoire, archive, photographie, paysage, témoin, évolution, iconotexte, etc. Au fil de ce survol d’informations, j’ai mis au jour que le support de la carte postale était puissant. Il avait accompagné l’essor de la société et était un objet aux utilisations (et utilités) si multiples que cela faisait de lui un inclassable imprimé. En écrivant mon mémoire, sur ce lien entre papier cartonné, photographie et territoire, j’ai voulu sortir la carte postale de l’idée empoussiérée dans laquelle nous l’avons rangée. Une majorité de mes recherches se sont faites sur papier. Les écrits et essais qui m’intéressèrent étaient le plus souvent des livres. J’ai passé beaucoup de temps dans les bibliothèques municipales et bibliothèques spécialisées pour trouver le corpus nécessaire. J’ai aussi observé beaucoup de cartes postales bien sûr, leurs mises en page, leurs paysages, les textes « d’accompagnement » et autres modes d’emploi de l’époque. Je me suis rendue à quelques conférences dont une, portant sur la photographie d’un lieu, m’a été très précieuse. Mes recherches portantes sur l’histoire de la carte postale se sont faites presque uniquement sur internet, très peu d’écrits existent sur le sujet, ou seulement en citation ponctuelle. Les sites officiels en libre consultation comme le site de l’Agence Nationale de la cohésion des Territoires (ANTC) ou celui du musée de la Carte Postale… toutes ces sources qui n’ont pas forcément de support papier. J’ai commencé par faire des recherches théoriques sur tous les sujets qui m’intéressaient. Avec toutes ces sources, j’ai fini par tracer en pointillé l’évolution de mon sujet avec tous les domaines qui se développaient en parallèle. Dans plusieurs documentaires et écrits, les interviews d’artistes et autres collectionneurs étaient très éclairants sur le rôle de la carte postale. Deux collectionneurs m’ont gentiment donné accès à leur album pour nourrir mon corpus iconographique. Et j’ai moi-même fini par collecter plusieurs cartes aux originalités éditoriales. Au vu de mon manque de renseignement technique sur la fabrication des cartes postales, je me suis rapprochée du Cercle français des Collectionneurs de Carte Postale (CFCCP). Cette communauté m’a permise d’avoir accès à une série d’articles sur la production et la distribution des cartes postales ainsi qu’à l’histoire des collectionneurs depuis l’apparition des cartes postale. Mon mémoire est une édition mêlant iconographie et texte. Elle mesure 33 cm de hauteur pour 24 cm de largeur, soit une double page de 42 cm. Mon processus n’y est pas visible dans la forme de mon mémoire. J’ai fais de nombreuses recherches dans beaucoup de domaines, tous plus ou moins connus les uns par rapport aux autres. Je me suis retrouvée avec une masse d’informations brutes et très hétérogènes. J’ai choisi d’en faire un écrit linéaire et logique pour que le lecteur puisse y voir toutes les opportunités de recherches qu’il reste à faire, tout en suivant le récit des cartes postales. Il fallait un objet simple et lisible pour que le lecteur puisse y lire clairement les informations. J’ai pensé mon objet éditorial en fonction de mon sujet en commençant par son format. Mon mémoire voulant redonner ses lettres de noblesse à la carte postale, sa taille s’inspire de celle des albums de cartes postales. Les collectionneur organisent, rangent et prennent soin des leur classeur comme des objets précieux. La couverture plastique qui recouvre mon mémoire veut témoigner de cette préciosité. La première et la quatrième de couverture jouent sur le recto-verso des cartes postale. En soulevant le film transparent, les cartes postales fixées à l’édition se soulève pour laisser voir le colophon de mon mémoire. L’intérieur est également pensé suivant les albums et les cartes postale. En faisant appel à la dimension iconotexte de la carte postale, où on trouve d’un côté l’écriture et de l’autre l’image, j’ai séparé le texte de l’iconographie. La partie texte a un large blanc tournant qui veut donner de la valeur à l’écrit. Par ailleurs, les colonnes ont les dimensions des toutes premières cartes postales existantes : 120 cm sur 78 cm. La partie iconographie se compose de toutes les images servant le texte. Le déroulement de mon mémoire est chronologique donc cette partie illustration permet de voir une évolution visuelle du support. Cet espace réservé aux images est aéré et rappelle les espacements dans les albums de collectionneur, qui redonne de la valeur à l’iconographie. L’évolution du territoire et sa représentation sont des thèmes que l’on retrouve dans mon projet de diplôme. La carte postale en tant que support de communication d’un endroit, ou les captures d’un instant T avec le paysage qu’elle immortalise, sert de véritable point clé pour l’Histoire. L’utilité de la carte postale n’est pas simplement l’échange avec des personnes présentes, c’est un témoignage de ce qui a été et qui permet de reconstituer aujourd’hui un paysage qui n’est peut être plus là. Mon mémoire a marqué ma pratique graphique. J’ai compris que l’écriture sur le graphisme, la recherche théorique, étaient quelque chose de très important dans notre manière de voir et de créer des objets graphiques. Cet écrit et toutes les recherches qu’il a engendré m’ont également fait prendre conscience de tous les champs de recherches possibles, des sujets qui sont encore trop silencieux et des informations qui restent à rassembler sur bien des domaines. Un écrit qui a ouvert la porte a d’autres questionnements. Encore aujourd’hui je travaille sur les cartes postales pour étoffer mes informations sur le sujet. Le nombre de caractères maximal pour le mémoire m’a fait regretter de ne pas pouvoir en dire plus. Je continue de rassembler quelques informations pour tenter, peut être, de présenter une version de mon mémoire plus enrichie.

Lire le mémoire