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memo! au MO.CO.ESBA

Déjouer les machines

Romain Laurent

ESAD Valence

2022

J’ai travaillé sur la relation nécessaire des artistes, designeur·euses, imprimeur·euses avec les procédés d’impression contemporains, en questionnant le rapport de force existant qui semble plus subi qu’intentionnel et équilibré. En tant que designer j’ai commencé à travailler sur les moyens de productions imprimés que j’avais à ma disposition quand j’étais en 3e année à Valence. Au fur et à mesure de mes recherches préliminaires, je me suis rendu compte que je/nous (les designer·euses) sommes exclus d’un grande partie de la chaine de production, et ce à différentes échelles. Avec les membres de l’unité de recherche de l’école, nous nous sommes dit qu’il y avait certainement une faille à cet endroit, une fenêtre où s’engouffrer pour réellement comprendre les outils de production que nous utilisons. Je suis parti de livres, comme pour la plupart des projets que je réalise. Soit je les trouvais à la bibliothèque de l’école, soit je les cherchais sur internet et les achetais. À l’origine, ma recherche prend ses racines dans mon travail de DNA qui était un ensemble d’entretiens avec des designer·euses et imprimeur·euses sur leur relation à l’impression, au livre, etc. Cela m’a servi de base pour ma recherche. Par la suite, mon travail a consisté principalement à collecter des textes et des concepts venant de différents sujets (sociologie, philosophie, histoire et philosophie des techniques, esthétique, art contemporain, etc.) pour les mettre en relation. En plus de ce travail théorique, j’ai pu travailler avec des ingénieur·es sur un projet que j’avais mis en place : le hack logiciel d’une imprimante RISO. Cette recherche en pratique encapsulée dans une recherche plus large a pu soutenir le propos de cette dernière, tout en montrant et créant un contexte appliqué, et ainsi tenter d’agir sur les problématiques soulevées. Mon objet prend la forme d’un livre souple, voire mou. Tout est imprimé sur le même papier (60g/m2), seule les diversités de pliage créées la différence d’épaisseur entre la couverture et le bloc texte. En jouant avec la reliure japonaise, le but était de faire un livre qui prend sens uniquement lorsqu’il est imprimé et façonné. Si je considère que mon processus de recherche est plutôt académique, très référencé et précis, je pense que la forme de l’objet est un reflet de cette méthode de recherche, mais aussi par extension de ma méthode de travail en général. Le propos que je défend dans l’écrit est qu’il me semble important de connaître et comprendre les moyens de production à sa disposition pour faire un choix et s’en servir en conscience. Travaillant également sur les procédés d’impression numérique contemporains, il me semblait intéressant de les utiliser pour concevoir mon mémoire. Je pense que mon mémoire et mon projet de diplôme sont intrinsèquement liés. Ils ont été pensé presque en même temps, c’est donc assez naturellement que je les ai pensé comme deux objets qui se répondent. D’un point de vue formel, mon projet de diplôme prend le total contre-pied de mon mémoire. Mon mémoire agit comme la clef théorique et conceptuelle de mon projet de diplôme, permettant de saisir les choix opérés et la raison pour laquelle j’ai décidé de le faire. Ainsi, mon projet de diplôme à le même rôle envers mon mémoire. Il l’ancre dans une pratique et un contexte. Étant donné que c’est assez récent, il m’est difficile de mesurer précisément l’impact du projet de recherche. Malgré ça, c’est assez évident que ma pratique a énormément changé depuis. Je pense qu’il a permis d’affirmer une position critique et une manière de travailler. J’aimerai poursuivre la recherche, pour l’instant dans le prolongement de mon sujet de mémoire, mais j’aimerai bien dévier un peu de sujet et parler d’autres choses qui sont tout autant constitutives de mon travail

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