Analogies Telluriques

Élisa Barbier

ESADHaR Havre

2021

Dans quelles mesures les gemmes façonnent-elles notre rapport au monde et au design ? De quelles manières peuvent-elles contribuer à penser et pratiquer le design ? Peut-on adopter une vision pragmatique et dialectique des cristaux ? Depuis toute petite, je suis fascinée par les éléments naturels, et plus particulièrement les astres et les volcans. Les premiers sont d’énormes roches en lévitation dans l’espace, et les seconds servent de tunnels comme connectés au cœur de notre planète. L’esthétique des pierres précieuses est éblouissante de nature, elles et les gemmes sont des artefacts de l’Histoire de la Terre et de son activité. L’envie de travailler sur ce sujet m’est apparue avec une certaine évidence au début de mon Master, lorsqu’un ami m’offra une pierre roulée d’œil de tigre. Ce cadeau amorça le début de ma recherche. L’écriture de mon mémoire a tenu en grande partie à la recherche de travaux scientifiques, d’archives historiques et de lectures d’auteurs post-modernes. Une seconde vision du sujet des gemmes est proposée via des mots-clés et des travaux de designers contemporains, permettant d’effectuer des analogies entre l’ancien et le récent. J’ai principalement lu et collecté de nombreux documents, images et textes de recherche portants sur les gemmes dans l’Histoire : leur origine, leur composition chimique, les utilisations ornementales et théologiques, les influences des systèmes naturels sur la réflexion du design, etc. La lecture a été un réel défi et surtout un besoin, afin de balayer le plus largement possible ce sujet aussi universel qu’intemporel, qu’est la gemme. Mon mémoire est une édition de 100 pages, avec 7 posters sérigraphiés en encre phosphorescente et encartés dans une couverture transparente. Une silhouette de pierre et le titre « Analogies Telluriques » sont sérigraphiés avec de l’encre phosphorescente. Papiers gloss et mat, reliure copte faite à la main. La nature est bien faite ! Le nombre d’or, ou divine proportion est une formule mathématique identifiée par Luca Pacioli à la Renaissance. Le nombre irrationnel qui résulte de cette formule est égal à environ 1,61, soit phi. Celle-ci a été utilisée en architecture, en peinture et en art plus généralement afin de calculer les proportions, jugées alors harmonieuses et équilibrées. Dans la nature, le nombre d’or s’observe sur les capitules du tournesol et la structure des cristaux par exemple. J’ai utilisé cette formule mathématique pour définir les dimensions de la grille de composition de mon édition, ainsi que l’ensemble des éléments qui la constitue (corps de texte, largeur des colonnes, ratio image/texte, poster, etc.). Le processus de recherche se déroule suivant la chronologie naturelle de l’histoire des pierres, en débutant par la naissance de la Terre, pour terminer par des recherches contemporaines. Écrire ce mémoire m’a permis d’analyser en profondeur les rouages d’un intérêt universel et transgénérationnel de l’Humanité à l’égard des gemmes, et d’identifier la singularité des regards portés sur ce sujet par plusieurs designers contemporains. À partir de ces éléments factuels, j’ai pu engager une réflexion plus subjective sur les gemmes, quels rapports entretiens-je avec, et pourquoi ? Que dire de tout cela et comment le transcrire en objets graphiques ? J’ai trouvé dans ce travail de recherche et d’analyse une immense source d’inspiration. Les préceptes du théoricien guident mon travail, et mon intérêt toujours aussi présent pour les éléments naturels continue de m’inspirer, et de laisser mon esprit s’évader ! Aujourd’hui malheureusement je ne poursuis pas de travail de recherche, mais j’aimerais collaborer sur des travaux en lien avec les roches, ou participer à des résidences où développer des nouvelles recherches.

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