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Pourvu qu'on y croie
Jeanne Bouillard,
ESAM Caen, 2024
Toujours eu en ligne de mire cet esprit de collecte, cette attente du dérapage, du cocasse, du détail. Ce désir d’inattendu, qui dénote, qui surprend, qui égare ; à force d’attendre ça se passera, c’est sûr. Voyeurisme ? Les autres, c’était toujours mieux à raconter que moi. Pourtant, on met toujours un peu de soi dans les histoires. Mais qu’est-ce qui tient du réel, qu’est-ce qui tient de la fiction ? Dans l’ombre ou la lumière, de l’atelier ou du dehors, on tient toujours le projecteur. Alors de ces pages émergeront peut-être des réponses. À l’idée abstraite du réel ; quid du vrai ou du mensonge ? Aux astuces pour faire réel, d’une bande dessinée revendiquée comme telle. À la place de l’auteur·rice dans son récit. À l’éthique de ces choses qu’on prend sans demander, qu’on vole sans voler, qu’on regarde sans vivre. Et peut-être que de ces expérimentations, ces tâtonnements, ces recherches, découleront de nouveaux chemins pour accueillir la question de la légitimité qui traverse les esprits des artistes à l’aube de leur création. Comment se placer dans ces récits qu’on appelle du réel ? Dans quelles pratiques se distinguer tout en restant crédible, subjectif, sensible, sans se trahir soi, le réel ou les autres, ceux qu’on regarde ce qu’on vit, ceux qui lisent ? De quelles spécificités et limites cette bande dessinée qu’on dit du réel se constitue-t-elle ? Sans fabuler dans les phylactères. Sans avoir peur de faire trop d’histoires.
jeanne.bouillard2000@gmail.com