×
?
Faire Mine de Transition
Hugo Delattre,
ESAD Orléans, 2025
À l’aune de la transition écologique, la nouvelle fièvre minière, décrite par la journaliste Celia Izoard, autrice de La Ruée Minière au XXIe, se concentre aujourd’hui sur les métaux critiques et les terres rares, matériaux indispensables pour opérer la nécessaire « transition électrique et numérique » et sortir des énergies fossiles responsables du dérèglement climatique. Or selon l’historien Jean-Baptiste Fressoz, cette « transition » serait un leurre. Les énergies renouvelables (grandes consommatrices de métaux critiques) ne remplacent pas les énergies fossiles, mais ne font que s’accumuler pour accroître la quantité d’énergie disponible. Parmi les métaux qui connaissent une forte augmentation de la demande figure le lithium, indispensable aux batteries des véhicules électriques. La France, très dépendante de son importation, veut extraire la ressource sur son sol. Je me suis donc rendu dans l’Allier, à Échassières où est programmée l’ouverture en 2028 d’une mine souterraine de lithium par l’entreprise Imerys, une mine présentée comme l’une des plus grandes en Europe. J’ai décidé d’enquêter sur le terrain de documenter les rencontres organisées par la Commission Nationale du Débat Public et de rendre compte de la controverse sociotechnique qui se dessinait lors des discussions, à savoir, avons nous besoin d’extraire ce lithium? L’électrification des véhicules est-elle la seule solution pour réduire le CO2 dans l’atmosphère ? Ne va-t-on pas passer d’un monde intensif en hydrocarbures à un monde intensif en métaux, lesquels ne sont pas renouvelables ? Dans ce projet, j’essaie d’entremêler une approche artistique et une pratique documentaire et d’enquête (consultation d’archives, témoignages et photographies) pour éclairer les enjeux du renouveau minier en France mais également interroger ma propre pratique de la photographie.
hdelattre@esad-orleans.fr