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Déployer devant les yeux l'éphémère. De la nécessité de d'élaborer un système d'écriture pour le soundpainting.
Marine Monseux,
HEAR Strasbourg, 2025
Créé par Walter Thompson en 1974, le soundpainting est un langage de signes permettant de faire de l’improvisation orchestrée en temps direct avec un ensemble d’artistes quel que soit le domaine (musique, danse, théâtre, arts visuels, etc.). Pour le dire autrement, le soundpainting est une sorte de « Jacques a dit » où un chef d’orchestre – nommé soundpainter – se place face à un groupe de performeurs, auxquels il indique par une série de gestes ce qui doit immédiatement être joué. Sans un bruit, sans un mot, le soundpainting parvient à faire naître et mourir aussitôt d’étonnantes improvisations. Ne laissant que très peu de traces, son essence même semble éphémère. Mais ce qui frappe par-dessus tout, c’est son instantanéité : comme ce langage s’apprend en se pratiquant (donc en improvisant), il est extrêmement difficile de prendre des notes sur le vif du fait de la sollicitation permanente que la performance demande, et cela est valable aussi bien pour les performeurs que pour les soundpainters. Cette prise de conscience, couplée à mon intérêt pour la question graphique, fait progressivement naître une interrogation en moi : si un langage n’existe que dans l’instant présent sans laisser de trace, que subsiste-t-il vraiment ? Cette première intuition sera à l’origine d’une longue réflexion mûrie ces trois dernières années grâce à de nombreuses lectures, laissant place à un questionnement plus précis encore : comment parvient-on à établir un système d’écriture ou de notation, en particulier si celui-ci ne retranscrit pas une langue orale mais un langage gestuel ?
marine.monseux@gmail.com